Conduire sa classe

Vous voilà seul(e) face à un grand nombre d'élèves. Tel un chef d'orchestre, vous allez devoir mener tout ce petit monde à la baguette...sans baguette ! Pour cela, il faudra apprendre à identifier chaque temps fort de la séance afin d'adopter les gestes professionnels adéquats au bon moment.

Quels sont ces gestes professionnels ?

 

L'entrée et la sortie de classe, des moments clés

L'entrée en classe ne doit pas être négligée, quel que soit le niveau d'enseignement. C'est le sas de décompression entre la cour de récréation et la classe. Les règles de celle-ci commencent à s'y appliquer et il est donc important d'y consacrer le temps nécessaire pour instaurer un bon climat scolaire. La sortie de classe est tout aussi importante que l'entrée. Elle ne doit donc pas être prise à la légère.

Vidéo Canotech

En quoi l’entrée en classe est-elle un moment clé pour la bonne conduite du cours ? Mettre les élèves en rang, saluer chacun et chacune, ritualiser le début du cours : Jean Duvillard - docteur en sciences de l’éducation - nous aide à repérer et analyser les micro-gestes (la voix, les mains, le regard) qui se jouent dans ces quelques secondes pour la suite du cours.

Intervenants

Jean Duvillard

Je vous propose un exercice d'analyse reflexive sur une entrée en classe compliquée.

1) Visionnez l'entrée en classe suivante et pratiquez une analyse de la situation

a) Lecture jusqu'à 20'' : Dans quel état d'esprit les élèves entrent-ils en classe ? Quelle en est l'origine ?

b) Lecture de 20'' à 32" : Où se situe l'enseignant pendant l'entrée en classe ? Que lui apporte ce positionnement ? Quel message cela envoie-t-il aux élèves ?

c) Lecture de 20" à 49" : Quel geste adopte-t-il pour faire assoire ses élèves ? Comment ce geste peut-il être perçu ? 

d) Lecture de 49" à 1'02: Que fait-il pour essayer de capter l'attention de ses élèves ?

e) Lecture de 1'02 à 1'26 : Dans quel état d'esprit se trouve maintenant l'enseignant ? Comment réagissent ses élèves ?

f) Lecture de 1'26 à 2'44 : Quelle qualité doit-on lui reconnaître et qui l'aidera à travailler son enbtrée en classe pour la rendre plus efficace ?

 

Analyse :

a) Lecture jusqu'à 0'20 : Dans quel état d'esprit les élèves entrent-ils en classe ? Quelle en est l'origine ?

Les élèves entrent en classe avec une certaine agitation et ne semblent pas disposés à se mettre au travail.

Cela vient du fait qu'il n'y a pas eu de temps calme sur le rang : la transition entre le temps de la récréation et le temps de classe n'a pas été effectuée.

 

b) Lecture de 0'20 à 0'32 : Où se situe l'enseignant pendant l'entrée en classe ? Que lui apporte ce positionnement ? Quel message cela envoie-t-il aux élèves ?

L'enseignant est positionné derrière le bureau et non au milieu des élèves. Ce positionnement lui procure une sensation de sécurité : il le conforte dans son statut d'enseignant et lui offre une sorte de "protection physique".

Cependant, cette barrière met de la distance en lui et ses élèves : il ne se trouve pas dans leur zone sociale ( de 1m20 à 3m60) ce qui fait qu'ils l'ignorent.  

 

c) Lecture de 0'32 à 49" : Quel geste adopte-t-il pour faire assoire ses élèves ? Comment ce geste peut-il être perçu ? 

Pour inciter ses élèves à se diriger vers leur chaise, il les guide avec sa main en les poussant par le bras. Si ce geste est un réflexe, il est bon de s'abstenir de le réaliser. En effet, en posant sa main sur le bras d'un élève, l'enseignant entre dans la zone intime de celui-ci. La distance intime couvre un rayon d'environ 45 centimètres autour du centre de notre corps. Cette zone est généralement réservée à notre partenaire, ainsi qu'à notre famille et nos amis les plus proches. L'élève peut donc se sentir mal à l'aise suite à ce contact et peut contester votre geste avec plus ou moins de véhémence.

 

d) Lecture de 0'49 à 1'02: Que fait-il pour essayer de capter l'attention de ses élèves ?

En s'adossant au tableau et en montrant sa lassitude, l'enseignant essaie de stimuler l'empathie de ses élèves. Cela peut fonctionner. Cependant, il se trouve encore derrière le bureau, dans la zone publique. La distance publique s'étend au-delà de 3,6 mètres autour de nous. Dans cette zone, le contact corporel n'intervient pas. Il n'y a pas non plus d'interactions ni d'échanges verbaux.

Pour être efficace, il devrait se placer dans la zone sociale. Celle-ci couvre un rayon de 1,2 à 3,6 mètres autour de nous. Elle correspond à la distance classique adoptée lors d'échanges dans des situations formelles.

 

e) Lecture de 1'02 à 1'26 : Dans quel état d'esprit se trouve maintenant l'enseignant ? Comment réagissent ses élèves ?

L'enseignant commence à se lasser de cette situation. Instinctivement il se rapproche de ses élèves et entre dans leur zone sociale pour s'adresser directement et franchement à eux.

Ses bras sont ouverts et ses mains parlent : elles rythment son discours et essaient de capter l'attention des élèves. La communication non verbale renforce ici la communication verbale. Cela fonctionne en général. Cependant dans cette situation, cet essai de contact s'établit trop longtemps après l'entrée en classe et n'a pas eu l'impact escompté.

 

f) Lecture de 1'26 à 2'44 : Quelle qualité doit-on lui reconaaître et qui l'aidera à travailler son enbtrée en classe pour la rendre plus efficace ?

La patience de cet enseignant a fini par payer ! Ses élèves sont correctement positionnés à leur chaise même s'il y a encore de l'agitation. Si l'on repasse le film, on notera le regard introspectif qu'il a eu plusieurs fois : il pratique l'analyse réflexive et c'est ce qui l'aidera à améliorer sa pratique.

Un enseignant est toujours en activité : il analyse en permanence les situations dans lesquelles il se trouve afin de comprendre ce qu'il se passe autour de lui et adapter ses gestes professionnels. 

 

2) Visionnez l'entrée en classe par ce même enseignant 6 mois plus tard

 

 

Lecture jusqu'à 0'10 : L'enseignant reste à l'entrée et salue ses élèves. Il est dans leur zone personnelle et affirme ainsi sa présence et son statut. La distance personnelle s'étend sur un rayon de 45 à 125 centimètres autour de notre corps, c'est-à-dire qu'elle englobe à peu près tout ce que nous touchons lorsque nous tournons sur nous-mêmes avec les bras tendus. Elle correspond à la zone de confort que nous prenons lorsque nous discutons amicalement avec quelqu'un. Ainsi, cette distance permet de se serrer la main, mais aussi de ressentir un certain stress lorsqu'un inconnu s'approche trop près de nous.

Lecture de 0'10 à 0'24 : Le calme ayant été fait sur le rang, les élèves sont réellement "entrés" en classe. L'enseignant, au passage de la porte, leur distribue le travail à faire : leurs mains ne sont plus libres pour jouer et ils n'ont pas d'autre choix que se mettre au travail. 

Lecture de 0'24 à 0'50 : Après les avoir remercié, il leur a demandé de s'assoire. Sa parole était accompagnée de gestes de la main. Il n'a pas eu besoin d'insister, même les plus réclacitrants du début d'année s'assoient...

Lecture de 0'50 à 1'08 : Il capte de suite leur attention par une vidéo et les oblige de fait à se mettre au travail. Si dans la vidéo précédente, il a mis plus de 2 minutes pour obtenir que les élèves soient à leur chaise, cette fois, en 1 minute, il a obtenu d'eux leur attention et leur mise en activité. Son analyse réflexive et ses changements de gestes professionnels l'ont rendu plus efficace. 

Lecture de 1'08 à 2'48 : L'enseignant est en posture d'accompagnement : il circule auprès de tous les élèves pour vérifier la compréhension des consignes et lever les éventuels freins et obstacles didactiques (compréhension du vocabulaire, du sens de la consigne...). Il les encourage et les valorise : "vous savez le faire".

Lecture de 2'48 à  3'53 : Le climat de classe est propice aux apprentissages et l'enseignant entre facilement dans la zone personnelle des élèves pour maintenir l'activité. Son placement en face à face maintient le contact et force les échanges.

Lecture de 3'53 à 4'19 : Cet enseignant est bien dans sa classe. Les élèves sont bien dans leur classe. L'apprentissage sera efficace !

Les rituels et routines de classe

"La force des rituels, le danger des routines. Un rituel c’est un rendez-vous avec soi-même, avec les autres ou avec son environnement. C’est quelque chose de voulu, attendu, organisé, précis, conscient, qui manque s’il n’est pas accompli correctement, c’est un repère. Une routine c’est plus qu’une habitude, une « habitude d’habitude », un fonctionnement quasi-inconscient, quasi-involontaire, un temps qui passe presque inaperçu où le réel qui nous entoure est flou, à peine perçu, où notre champ de vision, d’audition, d’attention sont minimaux. C’est un fonctionnement à l’économie où nous mobilisons le moins de forces possible. Un rituel nous ressource, une routine nous isole. Le rituel a un sens, conscient ou non. Il sert à donner ou redonner un sens, juste ou non, à un moment de notre existence personnelle ou collective. C’est parce qu’il a un sens (aux trois contenus du mot, un ressenti, une signification, une direction c’est-à-dire une intention) qu’il peut nous ressourcer, c’est à dire nous procurer un regain d’énergie, de bien-être, de présence et disponibilité à soi ou aux autres. La routine nous isole car d’une part nous ne pouvons pas la partager vraiment, d’autre part car elle fait obstacle au réel qui nous entoure."  Patrick Margon, Expert auprès du Haut Conseil à l'Évaluation de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur.

Et vous ?   Quels sont vos rituels et vos routines de classe ?

 

Une dynamique de classe rythmée par des invariants

Les invariants de Bourbao ont été abordés dans la rubique "Comprendre le métier d'enseignant", sous-rubrique "les savoir-faire pour enseigner", article " Conduire sa classe". Cliquez ICI.

4 m bourbao modelisation invariants conduite classe4 m bourbao modelisation invariants conduite classe (25.74 Ko)

Vous pouvez utiliser les  invariants de Boubao pour scénariser votre séance Scenariser une seance avec les invariants de bourbaoScenariser une seance avec les invariants de bourbao (2.31 Mo)

 

Il est vous est possible de vous auto-évaluer sur votre conduite de classe. Cela peut se faire immédiatement après une séance si vous disposez de temps pour réfléchir à l'heure venant de se dérouler. Cela peut aussi se faire à l'aide d'un enregistrement vidéo (avec autorisation des parents).

Pour vous positionner, je vous propose l'outil suivant.4 cm criteres conduite de classe bourbao 2020b4 cm criteres conduite de classe bourbao 2020b (135.71 Ko)

Cette carte mentale répertorie des indicateurs pour chacun des moments clés de votre séance. Pour chaque critère, comptabilisez le nombre d'indicateurs réussis et vous obtiendrez un positionnement sur 5 que vous pourrez reporter sur le diagramme radar suivant.4 diagramme radar conduite de classe bourbao 2020b4 diagramme radar conduite de classe bourbao 2020b (140.07 Ko)

Cet outil vous permettra, en plus de vous positionner, de définir vos axes de travail. En vous auto-évaluant une fois par mois, après 3 ou 4 évaluations, vous devriez obtenir un diagramme uniforme et ainsi avoir le reflet de votre efficacité !^^

 

L'usage du tableau et du vidéoprojecteur

 

Vidéo Canotech

À quoi sert le tableau et comment s’en servir en évitant de tourner le dos à sa classe ? Le tableau est à la fois un outil visuel et mémoriel, le support de la tâche et de la trace écrite : Jean Duvillard - docteur en sciences de l’éducation - nous aide à en repérer et analyser les usages efficaces par le biais de micro-gestes.

Intervenants

Duvillard, Jean

 

Vidéoprojecteur/ vidéoprojecteur interactif/Ecran numérique ? Comment amener l'interactivité dans nos classes ?

Chaine d'Aurélien Poncelas

https://www.youtube.com/watch?v=-NEGRDhGZ0Q

Date de dernière mise à jour : 16/07/2025