Émotions et Apprentissage

Le mot « émotion » provient du mot français « émouvoir ». Il est basé sur le latin emovere, le préfixe e- (variante de ex-) signifiant « hors de » et movere « mouvement ». Le dictionnaire Larousse définit une émotion comme « un trouble subit, une agitation passagère causée par un sentiment vif de peur, de surprise, de joie, etc. ».

 Pour nous enseignants, en quoi est-il utile de comprendre les émotions de nos élèves ?

Émotions et communication

Les émotions sont des messagers de nos besoins et sont un moyen de communication. Il existe une certaine universalité dans les réactions émotionnelles exprimées sur le visage. De nombreuses études ont démontré que certaines expressions faciales liées à des émotions de base (joie, tristesse, colère, peur, dégoût et surprise) sont reconnues et interprétées de manière similaire dans différentes cultures à travers le monde. Par exemple, un sourire est généralement associé à la joie et une expression de froncement de sourcils est souvent perçue comme une expression de colère ou de désapprobation.

Manga emotions-FR.jpg, No machine-readable author provided. Sympho assumed (based on copyright claims)., traduite par Éléphant volant, CC-BY-SA-3.0, via Wikimédia Commons, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Manga_emotions-FR.jpg

Et si on parlait de nos émotions ?

Les émotions font parties intégrantes de la vie, du fonctionnement physiologique et cognitif de chacun. Elles nous offrent des éléments de connaissance, sur nous-même et sur notre adaptation aux évènements. Bénédicte Hare – IA-IPR de SVT – explique le rôle qu’elles peuvent jouer en matière de communication et de bien-être, en classe comme dans notre quotidien. Canopé

Source : Canotech, Et si on parlait de nos émotions ? https://www.canotech.fr/a/et-si-on-parlait-de-nos-emotions

Un peu de sciences

Une émotion est une réaction psychologique et physique à une situation. Elle a d'abord une manifestation interne et génère une réaction extérieure. Elle est provoquée par la confrontation à une situation et à l'interprétation de la réalité. C’est aussi une réaction cognitive parce qu’il y a des pensées automatiques qui peuvent y être associées et qui peuvent servir à l’adaptation à l’évènement qui traverse l’individu.

Une émotion est déclenchée par un facteur extérieur. L’émotion générée peut être de plus en plus forte et cela se traduit par de nombreux indices corporels. Les processus habituels de régulation et de temporisation ne sont plus effectifs. Deux possibilités se présentent : soit l’individu arrive à décharger son trop plein d’émotions en faisant attention à la manière dont il se décharge soit il n’arrive pas à se décharger et des conséquences à long terme peuvent s’installer.

Les progrès des neurosciences et le développement des techniques d'imagerie cérébrale ont permis d'identifier trois grandes zones du cerveau ayant des fonctions différentes et interagissant ensemble. La théorie du cerveau ≪ triunique ≫, initiée par le neurologue Paul D. Mc Lean dans les années 60, a permis de proposer des pistes de fonctionnement du cerveau.

Source : Les trois cerveaux, Fabrice Aimetti, https://wikiagile.fr/index.php?title=Les_trois_cerveaux_(2)

Le cerveau reptilien, qui constitue le tronc cérébral, à la base de notre cerveau, assure la survie de notre organisme grâce à un répertoire limité de comportements réflexes et instinctifs qui permettent la satisfaction de nos besoins essentiels.

Le système limbique, qui constitue les zones centrales du cerveau, est le siège des émotions et le centre de création des souvenirs, il nous permet notamment l’établissement de liens affectifs, la vie sociale et l'apprentissage de comportements complexes.

Le néocortex enfin, qui constitue la plus grande partie du cerveau, est associé à des fonctions supérieures telles que la pensée et les actions cognitives.

Source : Pourquoi et comment apprendre aux élèves à gérer leurs émotions à l'école ? Christine Vertès, professeur-documentaliste, collège Jean Monnet, Lacapelle-Marival, 46, https://pedagogie.ac-toulouse.fr/documentation/enseigner/pourquoi-et-comment-apprendre-aux-eleves-gerer-leurs-emotions-lecole

Émotions et apprentissage

Les émotions ont un grand impact sur l'apprentissage. Les émotions désagréables (comme le stress, la peur, l’anxiété) peuvent rendre les apprentissages très difficiles. En cas de stress, le cerveau provoque la sécrétion d’hormones comme l’adrénaline et le cortisol. Quand le taux de cortisol est trop élevé dans le sang, il devient difficile de penser avec clairvoyance. Aucun apprentissage ne peut s'effectuer dans le stress ou la peur. Les neuroscientifiques ont démontré qu’on apprend mieux quand on est joyeux et détendu. Les émotions positives comme la confiance, l'approbation, la fierté, la sincérité, la passion, le plaisir, la gratitude, la tendresse, l'amour... rendent le processus de connexions neuronales plus efficace.

Au cours du développement de l'enfant, les apprentissages permettent de créer des connexions entre les neurones et plus on utilise le cerveau pour créer des connexions neuronales, plus on apprend. La maturation du cerveau s'achevant vers 25 ans, les neurosciences montrent que la période de l'enfance et de l'adolescence est une période où le cerveau humain est particulièrement fragile. Les émotions négatives déclenchent un stress négatif qui coupe l’enfant de ses lobes frontaux. Il lui devient impossible de penser clairement ou de réfléchir. Les difficultés rencontrées dans les apprentissages sont nombreuses : troubles de la mémoire, difficulté de concentration et d’attention mais aussi comportements de fuite (absentéisme, rêverie), d’agressivité (violences verbales et/ou physiques), ou d’inhibition (blocages scolaires, trous de mémoire). Ces nombreux dysfonctionnements ne peuvent que conduire à de nombreuses difficultés scolaires.

De manière générale, un élève découvrant une nouvelle tâche, va ressentir différentes émotions, d’abord négatives (peur, incompréhension) qui vont évoluer au fur et à mesure qu’il réalise la tâche et qu’il comprend ce qu’il fait (joie, satisfaction…).

Ainsi, la connaissance des émotions, et surtout la capacité d’un enseignant à les détecter chez ses élèves, lui permettront de comprendre certaines situations et de s’y adapter. Il est donc important d’accompagner les élèves à développer leurs compétences scolaires en les aidant notamment à comprendre et à accueillir les émotions pour comprendre à quel besoin elles correspondent.

Il est important aussi pour l’enseignant d’identifier ses propres émotions pour qu’il puisse réagir de façon appropriée aux émotions des élèves. Ne pas le faire amène parfois à des situations difficiles à gérer.

Sources : https://pedagogie.ac-toulouse.fr/documentation/enseigner/pourquoi-et-comment-apprendre-aux-eleves-gerer-leurs-emotions-lecole

Quelle place donner aux émotions à l'école ?

Comprendre ses émotions pour apprendre à les réguler, développer cette connaissance de soi pour savoir à quels besoins elles répondent et évaluer sereinement la situation vécue. À travers cette vidéo, Bénédicte Hare – IA-IPR de SVT – insiste sur l’importance d’apprivoiser ses émotions, préalable nécessaire pour accompagner ensuite les élèves dans le développement de leurs propres compétences socio-émotionnelles.

 Source : Canotech, Quelle place donner aux émotions à l'école ?https://www.canotech.fr/a/quelle-place-donner-aux-emotions-a-lecole

Les plue-values de la prise en compte des émotions

Mieux se connaître : identifier ses ressentis émotionnels, savoir nommer les émotions et exprimer ses besoins.

• Favoriser l'acquisition de compétences dans le domaine de la langue de scolarisation. Acquérir des connaissances en donnant du sens : prise en compte de la dimension linguistique.
• Réduire les inégalités sociales en permettant aux élèves vulnérables d'acquérir ce vocabulaire des émotions. Les élèves vulnérables sont « tous les élèves qui dépendent de l'école pour parvenir à comprendre et à apprendre le large spectre des codes culturels intégrés dans l'utilisation formelle de la langue » (Fleming, 2009). Ils ne bénéficient pas d'un milieu qui inclut la socialisation dans les usages académiques de la langue (Rébecca Dahm, La dimension langagière dans la construction des savoirs scolaires).

Pouvoir gérer ses problèmes : apprendre à résoudre calmement ses problèmes, développer le contrôle de soi, mieux affronter ses soucis.

Avoir une source de motivation : savoir se fixer des objectifs à atteindre. Prendre des initiatives en y étant complètement engagé. Développer sa créativité et son intérêt pour l'innovation.

Développer l'empathie : améliorer ses relations interpersonnelles et la compréhension des autres. Encourager la parole de l'élève dans le cadre d'un contrat de confiance. L’apprentissage de savoir-être(s), de la gestion personnelle des conflits et de ses émotions permet aussi l’affirmation de soi, tout en développant les relations aux pairs.

Adopter une pensée positive : développer l'optimisme, l'estime de soi et la confiance en soi. Favoriser la pensée positive va de pair avec la motivation, la mise en action en ménageant tous ses efforts possibles.

Apprendre à se détendre : mieux savoir gérer son stress, apprendre à se relaxer, se sentir en sécurité affective.

Être persévérant : encourager la patience et la persévérance, qui viennent du contrôle de soi.

Agir sur le climat scolaire : définir et mettre en place une progression dans l'apprentissage des émotions au sein de l'école permet de valoriser des stratégies pédagogiques axées sur la qualité de vie à l'école, la convivialité scolaire et le bien-être, un des leviers d'un bon climat scolaire.

Aider les élèves à réussir : avec le développement de la motivation et l’estime de soi, l'intelligence émotionnelle est un des leviers fondamentaux de la réussite scolaire.

Source : Pourquoi et comment apprendre aux élèves à gérer leurs émotions à l'école ? Christine Vertès, professeur-documentaliste, collège Jean Monnet, Lacapelle-Marival, 46,

https://pedagogie.ac-toulouse.fr/documentation/enseigner/pourquoi-et-comment-apprendre-aux-eleves-gerer-leurs-emotions-lecole