Capsules vidéo : kézako ?

Capsules vidéo ? Kézako ?

Bonjour,

De nos jours nos élèves consultent de plus en plus de vidéos en ligne. 

Dans l'enseignement ces vidéos s'appellent des "capsules".. Mais kézako ? 

Voici ma reflexion sur le sujet : définition, origine, utilisations...tout ce que vous avez besoin de savoir avant de vous lancer dans leur utilisation et/ou leur réalisation !

Pour les courageux : lecture suivante ^^

Pour les ....moins courageux ?? ...nannn ça le fait pas de dire ça !!! ... on est tous courageux !!!!  ....C'est juste qu'avec notre boulot nous sommes tous crevés ! Donc on a le droit de regarder au lieu de lire ^^  Pour ça faudra faire rouler la molette de la souris et descendre touuuuuuuuuuuuuuut en bas de la page pour trouver les tutos !^^ 

Capsule vidéo… késako ?

C’est une vidéo, souvent mise en ligne,  destinée à transmettre un savoir. Le principe existe depuis longtemps dans le commerce et le monde de l'entreprise comme support de présentation. Qui n'a jamais visionné un de ces petits films expliquant le fonctionnement d'un produit révolutionnaire diffusé sur de petits écrans dans un magasin de bricolage ?

C'est le MIT le premier qui en 2001 a mis en ligne des ressources pédagogiques sous licence Créative Commons. Il y avait aussi bien des cours magistraux en vidéo que des devoirs ou des prises de notes d'élèves. Le sigle MOOC créé par Dave Cormier professeur à l'Université Prince Edward Island est apparu en 2008.

Le développement de YouTube depuis 2005 et son accessibilité par le grand public a permis le développement de tutoriels vidéo à l'origine conçus pour le domaine informatique.

En 2013 la plateforme FUN (France université numérique) est créée par le gouvernement dans le but d'intégrer la technologie dans l'enseignement supérieur. 

En 2014 le terme de capsule vidéo apparait sur le nouveau continent francophone et est défini par l'Office québécois de la langue française comme une courte chronique portant sur un sujet donné et diffusée dans les médias.

De courte durée, facile à mettre en place, les capsules ont vite été adoptées par les enseignants de primaire et de secondaire et leur utilisation se développe actuellement en France. Il en existe sous plusieurs formats avec tout d'abord le diaporama commenté. C’est le plus facile à réaliser, l'outil de présentation étant déjà connu et maîtrisé par la plupart des enseignants. D'ailleurs avec le développement des capsules Microsoft a enrichi son logiciel depuis 2010 de la fonction « Enregistrer la narration » et de la possibilité d'encoder directement le diaporama en format vidéo. Des effets de transition entre les diapositives ont même été ajoutés afin de s'approcher au mieux des caractéristiques offertes par un logiciel de montage. 

Depuis quelques années un système en ligne permet de réaliser des présentations dynamiques. Il se nomme Prezi. Cependant les mouvements rapides de zoom et de dézoom provoquent chez beaucoup d'utilisateurs des vertiges et nausées. Il a de ce fait du mal à s'implanter. 

Le format le plus couramment rencontré ensuite est le format de séquences filmées décliné sous plusieurs catégories.Tout d'abord le type « télévisuel » avec les reportages ou partie de reportages et les extraits de conférence. Viennent ensuite les séquences filmées de type "tutoriel" très appréciées du grand public et qui sont légion sur Youtube. Elles concernent tout et n'importe quoi : ça va de "comment brancher les moteurs de ma piscine" à "comment réparer ma tondeuse". Les élèves s'en sont emparés pour filmer leurs expériences notamment pour les épreuves de baccalauréat comme les travaux personnels encadrés en lycée.

Enfin dans le domaine éducatif,  on trouve deux catégories de vidéos filmées de type démonstratives : celles filmées au tableau ou celle réalisant une vue sur la feuille de travail. Certains diront que dans le premier type le regard du professeur filmé permet de garder un contact visuel avec l'élève mais à moins que le sujet du DS ne soit dessine-moi un prof, je pense que pour capter l’attention, le deuxième format est plus adéquat. En effet le regard du professeur détourne celui de l'élève du tableau et des informations essentielles, celles pour lesquelles celui-ci visionne la vidéo alors que dans le deuxième cas, ce que ce dernier voit à l'écran correspond exactement ce qu'il est censé observer sur son bureau en situation de travail. On peut donc espérer que l'acquisition des savoirs et savoir-faire en soit plus efficace par simple assimilation. 

Plus récemment sont apparus les logiciels de capture d'écran. Ils permettent comme leur nom l'indique, d'enregistrer tout ce qui se passe sur votre écran. Il est ainsi aisé de réaliser des tutoriels de démonstration d'un logiciel, d'un service web ou de pratiquer l'e-learning. Il existe de nombreux logiciels gratuits mais pour bénéficier de fonctions plus complètes, notamment concernant le montage, mieux vaut s'équiper d’un logiciel payant.

Enfin, très à la mode depuis 2 ans, des capsules animées. Au premier abord, dynamiques, colorées, ces capsules semblent être difficiles à créer. Or il n'en n'est rien ! Deux logiciels en ligne gratuits ( Moovly et Powtoon) permettent d'en réaliser facilement, du moment qu'elles ne dépassent pas 5 minutes. L'interface est facile à appréhender, elle combine toutes les fonctions d'un logiciel de présentation type diaporama et d'un logiciel de montage. Les images sont déjà prêtes, il suffit de les choisir et d'y associer animations et musiques préenregistrés. Le seul inconvénient est la publication uniquement sur plate-forme et l'impossibilité de récupérer le fichier sur ordinateur à moins de ne s'abonner. 

Concernant le système de diffusion justement, vous avez la possibilité de ne pas diffuser ouvertement vos productions en les chargeant sur votre ENT ou en les mettant en mode "non répertorié" sur votre chaîne Youtube. Il suffira ce moment-là de diffuser le lien à vos élèves et seuls ceux en disposant pourront consulter la vidéo. Sinon vous pouvez diffuser à toute la Terre entière !

YouTube est un outil de Google. Il suffit de se créer une adresse Gmail pour posséder automatiquement une chaîne Youtube que vous pourrez nommer comme bon vous semble et sur laquelle charger des vidéos et les ranger dans des albums ou « playlist ». Dans tous les cas vous devrez faire attention au respect de l’affichage des sources uniquement libres de droits ainsi qu’au droit d'image des élèves.

D'autres systèmes de diffusion existent mais YouTube reste le système par excellence. En effet Mylène Bertaux du magazine numérique « L'ADN » spécialisé dans les innovations indique dans son article du 3 avril 2018 que « Les 15-24 ans plébiscitent largement YouTube. Ils y passent en moyenne 19 minutes par jour (contre 9 minutes pour Facebook). Ils sont 24% à déclarer trouver indispensable l’application, juste devant Netflix, Facebook  et même Snapchat. » 

D'ailleurs nos propres élèves le plébiscitent aussi. À l'AG de juillet 2018 de mon établissement scolaire,  j'ai présenté les résultats d'un sondage réalisé auprès de 2 classes de chaque niveau du collège. À la question « regardes-tu les vidéos de cours en dehors de la classe ? »,  43 % avait répondu « oui ». Sur ces 85 élèves, 79 le faisaient non pas à la demande du professeur mais parce qu'ils en avaient envie, et pour la majorité d'entre eux, dans un but de remédiation ou de "cours en replay"©RS.2018. Une petite minorité souhaitait s'avancer.

Ce qui nous emmène à envisager différents contextes pédagogiques d'utilisation des capsules : en classe, en classe inversée, en remédiation ou en replay.

Comment les positionner dans nos processus didactiques ? Que vont-elles apporter à nos cours ?

Pour répondre à cette question, nous allons nous référer à la pyramide de Bloom, qui je vous le rappelle classifie les grandes compétences selon le degré cognitif qu'elles nécessitent de mobiliser pour leur réalisation et voir dans le domaine de l'espace et du temps comment exploiter les capsules pour amener nos élèves vers le haut de cette pyramide.

Prenons comme référence notre système traditionnel d'enseignement. Dans un repère espace-temps, rajoutons l'axe du degré cognitif et positionnons les différents niveaux de la pyramide. La base de la pyramide va être réalisée en classe au cours d'un cours accompagné. Sans capsule, le professeur réalise les explications et lance les élèves sur les premiers exercices puis il leur demande à la maison d'aller plus loin puisque il donne des exercices de difficulté plus importante. On peut très bien imaginer intégrer les capsules dans ce système en réalisant des îlots avec des tablettes où les élèves travaillent dans des groupes,  découvrent le cours avec la capsule et appellent le professeur selon leurs besoins. Ainsi une différenciation peut-être mise en place tout comme au contraire un système de tutorat. On peut ainsi envisager réussir à faire réaliser le niveau supérieur de la pyramide en présentiel et non plus en distanciel.

Dans le système inversé, très à la mode en ce moment, la capsule présente l'avantage de porter la parole du professeur à la maison. Une inversion sur document écrit peut ne pas fonctionner dans le sens où si un élève présente une difficulté dans la compréhension du document et qu'il n'a personne pour lever cette incompréhension, il lui sera impossible ensuite en présentiel de s'engager dans une démarche d'exploitation volontaire. L'outil vidéo est avantageux car il permet de présenter individuellement et non collectivement une notion : l'élève est au calme, concentré. Le temps nécessaire pour comprendre une notion sera beaucoup plus court via une vidéo que via la lecture et le décodage d'un texte. En effet, dans la capsule l'enseignant peut varier les explications et les supports offrant à chacun la possibilité de l’assimiler.  Ce support sera également plus ludique et maintiendra l'attention de l'élève.  Enfin l'élève peut faire répéter à volonté le professeur, acte impossible en classe sous peine de ralentir le groupe.

La dernière possibilité qui se rapproche le plus de notre système traditionnel et qui combine les avantages de l’inversion, est le système du "cours en Replay"©RS.2018. L'enseignant réalise son cours traditionnellement, envoie les élèves sur la vidéo en ligne pour visionner de nouveau le cours (faire du replay) avant de mettre en place des activités d'applications plus complexe à la séance suivante voir même différencier. Les vidéos peuvent également être consultées par un élève absent au cours ou par un élève ayant des difficultés et un besoin ponctuel de remédiation pour aborder un chapitre suivant.

Pourquoi les vidéos ont-elles un tel impact sur les élèves ?

Si on prend le cône d'apprentissage d’Edgar Dale, le cours traditionnel utilise les activités d'apprentissage de type « lire écouter et regarder les images ». Or on ne retient que 10 % de ce qu'on lit et 20 % de ce qui est entendu. Ces deux activités permettent uniquement une mise en application simple de type « définir lister décrire expliquer associer des images ». Les vidéos augmentent le pourcentage d’éléments mémorisés à 50 et permet d'entrer dans des actions plus complexes du type « démontrer appliquer mettre en pratique ».

Une expérimentation a été menée en mathématiques au collège et le montre. Dans le projet "Maths en capsules", nous avons procédé à une évaluation diagnostique des classes de 6ème en mathématiques la semaine de la rentrée. Sur la partie géométrie de l'évaluation seules trois classes ont bénéficié d’une remédiation via des capsules, les trois autres ayant bénéficié d’une remédiation classique. En novembre suite à la deuxième évaluation nous avons pu constater l'impact des deux types de remédiation.

Pour la classe en 6ème 4, les résultats indiquent que nous sommes passés de 54 % d’élèves situés dans le niveau vert,  niveau le plus élevé, à 96 % soit  42 % de plus.

Nous pouvons faire la même étude sur une classe au profil de départ quasi identique mais qui n’a pas bénéficié de remédiation via les capsules. Nous observons cette fois une augmentation de seulement de 26 points d’indice en 6ème 5.

Dans les deux classes, la comparaison a été faite également au sein même de la classe entre l'exercice de géométrie et l'exercice de calculs jamais remédié via capsules : dans les deux classes la progression est plus faible.

Si nous faisons un bilan, les capsules vidéo présentent beaucoup plus d'avantages que d'inconvénients qui sont liés à la réalisation. Ces derniers s'effacent avec le temps car une fois les vidéos réalisées et une base constituée, les contraintes n'existent plus et le système ne présente alors que des avantages.

Pourquoi se lancer ?

Pour 2 grandes raisons :

  1. Il y a de gros avantages à réaliser ses propres capsules vidéo, principalement par le simple fait qu'elles soient adaptées à nos besoins et que cela nous permet de constituer notre propre vidéothèque.
  2. Cela devient ensuite une nécessité sociétale. En effet, nous sommes entrés dans l'air du connectivisme. Nous ne pouvons plus rester dans nos classes comme auparavant. Les élèves s'ouvrent sur le monde, nous devons suivre le mouvement pour ne pas les perdre. De plus, l'élève, plus que ses parents, est de plus en plus consommateurs de contenus en ligne. Nous devons lui apprendre à consommer correctement et utilement. Si l'illettrisme n'a pas disparu en France son avatar l’illectronisme est grandissant. Nous devons aujourd'hui nous adapter à cette difficulté supplémentaire et faire en sorte que nos élèves ne soient pas touchés dans leur vie future.

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Date de dernière mise à jour : 22/05/2021